La campagne agricole humide 2025-2026 entame sa dernière phase au Burkina Faso, en ce mi-septembre. Pour la présente campagne agricole, les producteurs semenciers ont pour ambition de produire plus de 20 000 tonnes de semences améliorées certifiées toutes spéculations confondues. Afin de prendre le pool de ladite campagne agricole dans la région du Goulmou, nous sommes allés à la rencontre de M. Daba LENLI, producteur semencier et par ailleurs Secrétaire Général de l’Union Nationale de sociétés coopératives des Producteurs Semenciers du Burkina (UNPS-B). Il nous détaille le déroulement de la campagne agricole de même que les défis auxquels la région fait face. Lisez plutôt.
1. Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre exploitation agricole?
Je suis Daba LENLI, exploitant agricole spécialisé dans la production semencière. Je suis également le Secrétaire Général de l’Union Nationale des sociétés coopératives des Producteurs Semenciers du Burkina (UNPS–B). Je réside à Fada N’Gourma dans la région de l’Est, l’actuelle région du Goulmou. Mon exploitation agricole est située à 12 km plus précisément au Sud-est de la ville de Fada. Je produis dans cette localité depuis 2009 et présentement la superficie exploitée est d’environ 100 hectares sur les 140 que j’ai pu délimiter. J’ai commencé la production semencière en 1996, donc cela fait 29 ans que je produis la semence améliorée.
2. Quelles sont les spéculations produites pour cette campagne agricole humide en cours?
Il y en a plusieurs. Si je prends le cas du maïs, il y a trois variétés que nous avons produit cette année. Il s’agit notamment de la SR21, la FBC6 et Espoir. En ce qui concerne le sorgho, nous avons deux variétés à savoir le soubatimi et la sariasso 14. Comme autres spéculations, nous avons le mil, le sésame, le niébé et le soja.
3. Quelle appréciation faites-vous du déroulement de la présente campagne agricole humide dans la région du Goulmou?
Pour revenir un peu sur le déroulement de la campagne agricole en cours, sur pratiquement toute l’étendue du territoire burkinabè, les pluies ont été retardées. Et selon les prévisions météorologiques, il était prévu que la saison en cours devrait démarrer relativement en retard par rapport à la saison passée. On n’a pas tellement senti ce décalage-là, parce que l’année dernière, on avait commencé le 21 juin. Cette année aussi, c’était le 21 juin. Il y a des gens qui ont démarré autour du 10 juin. Je peux dire qu’à quelque chose près rien n’a été véritablement modifié. Il faut également préciser que les localités n’ont pas la même répartition pluviométrique. Au début, il y a certaines zones qui ne recevaient pas régulièrement de pluies, mais en ce qui concerne la région du Goulmou, on n’a pas connu de poches de sécheresse jusqu’à présent. Le mois de juin a été suffisamment pluvieux. A l’Est, nous n’avons pas eu de problème majeur en termes de pluviométrie et nous remercions dame nature pour sa clémence. Sauf qu’en termes de problèmes phytosanitaires, on a constaté que les chenilles légionnaires ont fait leur apparition à un moment donné, mais nous avons quand même pu les circonscrire en utilisant le produit EMACOT. En dehors de ça, il n’y a pas eu de problème majeur.

M. Daba LENLI, dans son champ de semence de niébé en pleine floraison
4. Quels sont les défis majeurs auxquels vous avez fait face jusqu’à présent en termes d’accès à la terre et au financement de la campagne agricole?
Pour ce qui est de la problématique de l‘accès à la terre, je peux dire que j’ai eu la chance car j‘avais mon terrain depuis 2008. Donc en ce qui me concerne, je n’ai pas de problème particulier dans ce sens. L’année passée, compte tenu du nombre important des Personnes Déplacées Internes (PDI) dans la commune de Fada N’Gourma, je leur avais cédé près de 30% de ma superficie. Cette année, la situation dans leur zone respective s’est améliorée et beaucoup sont reparties, donc, j’ai récupéré 25 à 30 hectares des terres pour ajouter à ce que j’avais exploité l’année dernière. Parlant de financement des activités de la présente campagne agricole, chacun s’organise à sa manière pour produire. Personnellement, je n’ai jamais voulu entrer dans l’affaire des banques pour ma production. Je fais mes prévisions en tenant compte de mes capacités. Cette année par exemple, ce qui nous a beaucoup déprogrammé, c’est le coût élevé des engrais. Comme vous le savez, nous ne bénéficions pas des engrais subventionnés. Et pour couvrir les besoins de mon exploitation agricole en engrais cette année, j‘ai déboursé plus de 7 millions pour l’achat des engrais, car le prix de la tonne coûte autour de 500 000 à 525 000 francs que ça soit le NPK ou l’URE. Alors que je suis à 15 tonnes et demi, tout engrais confondu.
5. Le défi sécuritaire que traverse la région n’impacte t-il pas vos activités de production agricole?
Il faut reconnaître que depuis un certain temps, la situation est sous contrôle et les choses sont en train de s’améliorer. Dans ma zone de production, par exemple cette année, nous n’avons pas eu de bousculades comme l’année dernière. Je ne dis pas qu’on est totalement sécurisé, mais on n’a pas été inquiété depuis le début de la campagne agricole et je profite de l’occasion pour saluer le travail abattu par nos FDS et nos VDP.
6. La demande en semence améliorée certifiée est-elle forte dans votre région?
La demande en semence améliorée certifiée est relative, puisque je venais de dire tantôt qu’il y avait des zones qui n’étaient pas accessibles. Mais qu’à cela ne tienne, nous avions pu honorer les commandes des producteurs agricoles qui sont dans des zones accessibles.
7. Quelles sont vos relations avec les autres acteurs de la filière (acheteurs, autres producteurs et les services techniques)?
Nous travaillons en étroite collaboration avec les autres acteurs de la filière. Quand on parle de services techniques, ce sont ceux qui sont chargés du contrôle de la qualité. Et malgré le défi sécuritaire que traverse notre région, ensemble nous avons trouvé des créneaux afin de s’accorder les violons pour un bon déroulement des activités agricoles.
8. Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être amélioré afin de mieux soutenir les producteurs semenciers de la région?
Nous allons mettre l’accent sur l’intensification de la production agricole dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique qui est en cours d’exécution. Selon moi, le souci majeur de nos membres demeure les fertilisants. Je disais, entre temps que j’ai dépensé plus de sept millions pour les engrais cette année, il va falloir que nous trouvions un mécanisme pour soulager un peu le poids et les dépenses liés à l’achat des engrais. Nous ne bénéficions pas des subventions et il va falloir que nous trouvions quand même un mécanisme qui puisse nous permettre d’acquérir les engrais à un coût relativement bas par rapport au prix sur le marché actuel. J’ai déjà évoqué le problème avec mes collègues de même qu’avec le président de l’Union. Il va falloir qu’on trouve un fournisseur qui va travailler avec la SOBIMAP, qui puisse nous permettre d’avoir des engrais de très bonne qualité et à un prix relativement accessible. Voilà un peu la réflexion que nous sommes en train de mener afin de soulager nos membres producteurs.
9. Quel sont les perspectives au sortir de cette campagne agricole ?
Je pense que si la saison se poursuit normalement, nous pensons avoir de très bonnes récoltes, au regard de la pluviométrie actuelle (mi-septembre). Si dans les 30 prochains jours la pluviométrie se maintenait c’est-à-dire en gros dans 1 mois on aura quand même de très belles récoltes. Sinon présentement, on prie Dieu que les pluies continuent jusqu’au 15 octobre prochain, là même les semis tardifs n’auront pas de difficultés de maturation.
10. Quel est votre mot de fin ?
J’adresse mes encouragements et mes félicitations à tout le monde, car malgré les difficultés auxquelles le Burkina fait face, les gens ne baissent pas les bras, cela est à féliciter. Je voudrais leur dire que quel en soit la durée de la nuit le jour finira par apparaître. Il faut travailler à être résilient, se battre et prier Dieu pour qu’un jour ceux-là qui ont déserté leur localité pour cause d’insécurité puissent vraiment y retourner pour qu’ensemble avec l’aide de l’Etat, nous puissions travailler à relever le défi de la sécurité alimentaire dans notre pays.

Service de communication de l’UNPS-B